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Vidéosurveiller, ça vaut le coup ?

 

Un quart des officines seraient équipées de caméras de vidéosurveillance. Trop peu vis-à-vis de la loi, des voleurs et… de l’importance d’une bonne analyse de son flux de clientèle.


Le sujet suscite des réactions contrastées. « Investissement à perte », déchantent les uns ; « soutien fructueux », arguent les autres. Rappelons toutefois que, selon le décret no 97-46 du 15 janvier 1997, les pharmaciens sont tenus d’assurer la surveillance de leurs locaux quand ils exercent dans une ville de plus de 25 000 habitants. Selon les fabricants, seules 25 à 30 % des pharmacies seraient équipées de caméras de vidéoprotection. Exit l’argument sécurité, la première motivation pour planter une caméra dans son officine serait plutôt de lutter contre la démarque inconnue, qui ampute de 1 à 3 % les chiffres d’affaires annuels, soit une perte d’environ 420 millions d’euros pour toute la profession.

La main dans le sac
A minima, ce que l’on demande à un « mouchard », c’est de repérer les indélicats et de les faire payer. La plupart des systèmes proposent un repérage rapide. « On peut définir un jour et une heure précis, sélectionner la zone où le vol a été constaté et revenir, en accéléré, aux moments où il y a eu du mouvement. En trois minutes, la personne est identifiée », explique Jean-Marie Soyer, pharmacien à Nice. Et là, surprise : la majorité des larcins sont commis par des clients habituels, souvent des femmes. Beaucoup de « mamies » qui viennent « essayer » de nouvelles crèmes, comme le constate Monique Boyer, une des titulaires de la très grande pharmacie de Cap 3000, près de Nice. En effet, les produits les plus subtilisés concernent la dermocosmétique. Mais les surprises viennent aussi de l’intérieur : stagiaire ou femme de ménage « piquant » dans la caisse. Les caméras aident aussi à régler des petits litiges : « Je vous ai donné un billet de 50 euros. », « Vous ne m’avez pas délivré mes médicaments. »… La preuve par l’image ! Suffisent-elles à faire baisser les vols ? Il existe peu de données chiffrées, mais la plupart des pharmaciens interrogés constatent, comme Monique Boyer, que, « si nous n’étions pas équipés de la sorte, nous aurions une démarque inconnue beaucoup plus importante ».

Combien ça coûte ?
Disons-le tout net, plutôt que de choisir des systèmes bradés comme ce pack quatre caméras IP (pour « Internet Protocol ») à environ 389 euros vendu sur la Toile, il vaut mieux s’équiper chez un professionnel. « La résolution de l’image de ces caméras est navrante, la taille du disque dur minime et, pire, le format d’enregistrement “propriétaire” n’est pas reconnu par la loi et donc pas exploitable par la police », explique Fabien Spacagna, responsable commercial chez Vidéoconsult. Cette entreprise nous a fourni des devis : compter 4 500 euros HT pour un système clés en main avec quatre caméras Axis P3304 haute définition, en dôme, consultables à distance, ou 9 300 euros HT pour dix caméras. L’entreprise se charge de la déclaration en préfecture, de la déclaration à la Commission nationale de l’informatique et des libertés, et de l’affichage légal dans l’officine (voir encadré p. 40). Audit, devis, installation, formation de l’équipe inclus. Plus une année de maintenance gratuite qui, une fois reconduite, se chiffrera entre 390 et 790 euros HT par an, sans obligation. L’accès à la hotline, gratuite la première année, reviendra, elle, à 30 euros HT par an. Jusqu’à 80 mètres carrés de surface, au moins quatre caméras sont nécessaires : à l’entrée, dans la zone des caisses, dans le back office et au niveau des accès livraison. Moins si vous vous équipez de caméras « oeil de poisson » Mobotix qui, grâce à une vision de 360 degrés, balaient de 30 à 40 mètres carrés (l’unité revient à 798 euros HT ou 99 euros par mois en crédit-bail). Des logiciels intelligents Historiquement, les équipements se composaient de caméras analogiques. Maintenant, les caméras IP deviennent la norme. Connectées à un réseau informatique, via un câble ou par liaison Wi-Fi, elles numérisent, filtrent et compriment les images. Le logiciel est l’un des éléments clés de la vidéosurveillance Internet : il permet de visualiser les flux vidéo distincts sur un même écran (4, 8, 16 ou plus), les enregistre et les archive, autorise une récupération facile des images et peut intégrer certaines applications, comme la détection de mouvement, de bruit, de fumée ou l’envoi d’une alerte par SMS, courriel ou téléphone sur PC, PDA ou smartphone… Ces logiciels intelligents ouvrent à d’autres fonctions : informer et gérer. « Des écrans peuvent diffuser, en alternance, des spots (commerciaux ou d’information) et les images captées par les caméras », explique Matthieu Seys, directeur commercial chez Axis. De même, des logiciels de comptage autorisent l’analyse des flux de clientèle, permettant de définir les zones chaudes et froides de l’officine, des indications utiles pour optimiser l’aménagement de son espace de vente. Ainsi, au-delà de la surveillance, les caméras peuvent aider à une meilleure gestion de votre officine.

 

Une réglementation précise
La vidéoprotection est très réglementée. Les entreprises qui installent les systèmes se chargent des démarches, mais si vous décidez de vous équiper vous-même, sachez que vous avez des obligations vis-à-vis de vos employés et de vos clients : x déclaration doit être faite auprès de la préfecture et de la Commission nationale de l’informatique et des libertés ; x une officine de plus de dix salariés doit consulter les représentants du personnel avant l’installation d’un système de vidéo surveillance ; x les salariés de l’officine, comme les clients, doivent être informés de l’existence d’un système de vidéosurveillance au moyen d’un panneau affiché de façon visible et indiquant clairement les zones filmées ; x les enregistrements doivent être détruits au bout d’un mois.

 

 

 

 

Source : lepharmacien.fr

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